Sa longue carrière est l’archétype de perpétuelles recherches et de nouveaux horizons artistiques. Elle est jonchée d’heureuses et symboliques rencontres et autres complicités de haute lignée : Des guitaristes exceptionnels comme notamment Albert Lee, Steve Cropper, James Burton, Mick Taylor, Jimmy Page, Chris Spedding, Charlie Sexton, François Bodin, Oli le Baron et bien d’autres… Des rencontres improbables John Lennon et Paul McCartney, Elvis Presley, Gene Vincent, Brian Jones, Piaf, Brassens… Des auteurs-compositeurs et autres producteurs de renom comme Alain Bashung, Serge Koolenn, Christian Ravasco, Patrick Coutin notamment pour l‘album ’Plein Soleil‘ de 1995 que beaucoup considèrent comme l’un des meilleurs albums de country-rock français et qui fut le fer de lance du come-back scénique à Bobino, André Manoukian, Philippe Labro, M, Benjamin Biolay, Mickey 3D, Joseph d’Anvers, Jean Fauque, Oli le Baron… Des studios légendaires comme ceux de Muscleshoals Alabama, Abbey Road à Londres, Bogalusa Louisiane, Austin Texas… Des joutes monumentales avec les meilleurs musiciens d’Austin au Continental Club, qui certains soirs de pleine lune, suintait l’odeur de souffre et les vapeurs de whiskey, propre au véritable rock and roll et à la musique du Diable. Sans oublier d’autres tournées triomphales au Canada (Québec), avec entre autres Paul Daraiche et Nanette Workman…où Dick parallèlement à la France, y réalise une seconde et prolifique carrière.
En 2011, Dick fête dignement ses 50 ans de carrière avec la sortie simultanée de l’album Mister D, au son très roots, qui transpire les bayous et les grands espaces poussiéreux du Golfe du Mexique, un album unanimement salué par la critique et la presse la plus branchée, et d’un livre d’entretiens dénué de langue de bois, réalisé avec la complicité de son ami Sam Bernett. Ces deux productions furent suivies d’une grande tournée qui le conduira du Casino de Paris à l’Olympia, en passant par le cirque Royal de Bruxelles et autres festivals importants de musiques américaines.
En 2012, Dick rejoint le label Verycords et le premier CD+DVD live de sa carrière sont enfin disponibles dans les bacs pour la plus grande joie de ses nombreux fans qui piaffaient d’impatience. ‘Gran’ Tour’ (live à l’Olympia), enregistré avec un combo de desperados du rock and roll, emmené par le charismatique Oli le Baron en qualité de maître d‘œuvre.
Aujourd’hui, après plus de 35 albums, des centaines d’enregistrements et de succès intemporels, et toujours animé d’une sempiternelle remise en question quotidienne, Dick Rivers nous revient avec un nouvel opus qui oscille entre variété et rock and roll. A n’en pas douter, c’est un album qui fera date au sein de son imposante discographie et qui sera à jamais gravé dans le marbre de sa longévité. Pour le réaliser, Dick s’est entouré une nouvelle fois d’Oli le Baron, multi-instrumentiste de génie, ex membre du groupe de rock garage Ici Paris et ex complice de Jean-Louis Aubert et de Raphaël, et a retrouvé son vieil ami Francis Cabrel pour deux titres, ainsi que le fidèle Joseph d‘Anvers, l’audacieux instigateur de l’album ’L‘Homme Sans Âge’. D’autres surprises sont également au rendez-vous, comme notamment des titres de Daniel Lanois, Georges Moustaki, une reprise de Bob Dylan intitulée ‘Make You Feel My Love’ et une du songwriter irlandais Hudson Taylor intitulée ‘Battles‘, titre phare de l’album sous le titre ‘Pas de Vainqueur‘.
Comme à l’accoutumée, Dick Rivers a donné le meilleur de lui-même pour vous satisfaire et son immense talent associé à sa culture musicale débordante ont fait le reste… Une œuvre diamétralement opposée à la plupart des productions actuelles, aseptisées et sans âme, avec toujours les incontournables racines rock et blues chères à Dick en ligne de mire, sans pour autant faire un énième remake d’ « American Graffiti » de George Lucas, mais en conjuguant sa musique au présent et surtout au futur.
A l’ère des rock-stars aigries, bodybuildées, liposucées, névrosées ou en manque évident d’inspiration, il est réconfortant d’avoir en France, un artiste de la trempe de Dick, car pour lui, malgré le temps qui passe, la musique demeure son unique leitmotiv, son Graceland en quelque sorte et l’étincelle dans son regard scintille toujours de mille feux, comme à ses 15 ans, époque de ses premiers blue-jeans, de ses premiers balbutiements rock avec ’Heartbreak Hotel‘ d‘Elvis, qui était en réalité un blues dans la plus pure tradition. Et lorsqu’un grand rêveur réalise encore et toujours ses rêves, le pari est déjà gagné. Ou presque…
Que la légende perdure encore très longtemps pour ce lonesome cowboy à la fois inoxydable et précieux, le plus doué de sa génération, l’un des derniers francs-tireurs.
Fluctuat Nec Mergitur !
Serge Sciboz